Bogotá de notre correspondant
La multinationale américaine de la banane Chiquita a bien financé durant des années des groupes paramilitaires d'extrême droite, à travers une filiale colombienne. Selon l'enquête de la justice américaine, l'entreprise a versé à partir de 1997 plus de 1,7 million de dollars à ces escadrons antiguérilla. Ces versements «avaient toujours été motivés par notre souci pour la sécurité de nos employés», se défend le PDG de l'entreprise, Fernando Aguirre, dans un communiqué publié mercredi. L'accord négocié avec le département de la Justice de Washington, qui prévoit le paiement d'une amende de 25 millions de dollars, doit encore être entériné par un tribunal. Mais il vient confirmer de vieux soupçons contre les producteurs de bananes installés en Colombie.
Plusieurs d'entre eux avaient déjà été accusés à la fin des années 80 de recruter des mercenaires pour former les premières milices antiguérilla. Les groupes marxistes des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) ou de l'Armée de libération nationale (ELN) contrôlaient alors les zones de culture de banane et imposaient leur racket : la filiale de Chiquita elle-même, affirment les juges américains, a dû payer entre 1989 et 1997.
Après une dispute sanglante, qui s'est soldée par la mort de milliers de civils, les paramilitaires ont expulsé la guérilla des bananeraies, avec l'appui des entreprises. Une enquête de l'Organisation des Etats américains a montré qu'une cargaison de 3 000 fusils