Londres correspondance
Dans une salle anonyme de Leeds, Matthias Küntzel, un professeur de politique de Hambourg, est monté vendredi sur l'estrade, libre enfin de dispenser sa leçon au terme d'une vive controverse. A cinq kilomètres de là, l'université campait sur ses positions. Deux jours plus tôt, ses responsables avaient annulé la conférence de l'universitaire, intitulée «l'héritage hitlérien : l'antisémitisme islamique au Moyen-Orient». Pour des raisons «sécuritaires».
Annulation. La faculté avait en effet reçu plusieurs mails offusqués. L'un d'eux, signé d'un ancien étudiant, appelait le vice-président de l'institution à «s'excuser auprès de toute la communauté musulmane». Alertée, la Société des étudiants islamiques de l'université réclame alors que le titre de la conférence, jugé «provoquant», soit changé. La faculté de Leeds cède et transforme l'intitulé en «l'héritage nazi : l'exportation de l'antisémitisme au Moyen-Orient». Trop tard. Le lendemain, les responsables de l'université réunis en comité extraordinaire décrètent l'annulation du séminaire.
Catapulté dans la bataille à sa descente de l'avion, Matthias Küntzel est abasourdi. L'homme, qui a usé les pupitres universitaires du monde entier, assure ne pas faire de politique mais dispenser un savoir essentiel à la compréhension du conflit moyen-oriental. «Je ne suis pas seul à défendre la thèse de l'antisémitisme islamique. Il suffit de regarder le programme du Hamas. Les Juifs