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Libération

Moines de Tibéhirine: un témoin bien encombrant

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publié le 17 mars 2007 à 6h41

L'histoire pourrait n'être qu'une cavale de huit ans entre Alger, Damas, Bangkok, Amman, Amsterdam et Paris, où elle risque de s'achever le 20 mars, date à laquelle il sera fixé sur son sort en France. La personnalité du fugitif, Abdelkader Tigha, lui confère pourtant une autre dimension : celle de trois raisons d'Etat qui, en France, au Vatican et en Algérie, se conjuguent pour occulter toutes les interrogations suscitées par l'assassinat des sept moines français de Tibéhirine en 1996. Leur exécution fut à la mesure des violences qui ont ensanglanté l'Algérie pendant la décennie 90 : seules leurs têtes furent retrouvées et on ignore tout des circonstances de leur mort, que l'Algérie attribue aux GIA (Groupes islamistes armés).

Fin 1999, trois ans après leur exécution, l'irruption d'Abdelkader Tigha dans cette affaire a cependant permis aux services secrets français d'en savoir plus. Venant de déserter l'Algérie, ce cadre du DRS (Département du renseignement et de la sécurité, l'ex-Sécurité militaire algérienne) commence sa cavale. Il passe en Tunisie, puis en Libye avant de débarquer à Damas, où il contacte l'ambassade de France et se dit «prêt à aider contre le terrorisme en échange d'un asile politique en Europe». Il est envoyé à Bangkok, car il est «risqué pour les agents français de l'interroger en Syrie». C'est là que, en janvier 2000, trois agents de la DGSE le débriefent. Les réseaux du DRS et des GIA en Europe les intéressent. Les moines de Tibéhirine a