Berlin de notre correspondante
Comment cette femme peut-elle attirer tant de haine ? Mina Ahadi n'a rien d'une exaltée : petite, modeste et presque timide, elle semble n'avoir quitté qu'à regret l'anonymat. Sa voix est douce et l'ébauche d'un sourire flotte en permanence sur son visage. Sauf lorsqu'elle parle de l'islam politique. Fin février, Mina Ahadi a officiellement donné naissance à Berlin à l'association des ex-musulmans d'Allemagne. L'un après l'autre, une partie des 140 membres ont solennellement abjuré, devant la presse. Depuis, la vie de Mina Ahadi est en danger, et son escorte de policiers en civil ne la lâche plus des yeux.
Automatisme. Abjurer est interdit par la charia. «L'islam ne prévoit pas de porte de sortie, ne permet pas de tourner le dos à la religion, rappelle Ursula Spuler-Stegemann, spécialiste de la question à l'université de Marburg. Si vous êtes né de parents musulmans, vous l'êtes automatiquement. Il y a certainement beaucoup d'athées, mais ils ne le diront pas ouvertement. Dans les pays où règne la charia, les non-croyants sont passibles de la peine de mort.» Pour expliquer son geste aux allures de provocation, Mina Ahadi assure: «Il est impossible de moderniser l'islam.» Le mot d'ordre des ex-musulmans d'Allemagne «j'ai abjuré» rappelle celui des partisans de l'avortement des années 70. «Je connais l'islam politique, poursuit la présidente de l'association. A la fin, on se fait lapider. Même en Allemagne.»