Le Caire de notre correspondante
Un «coup d'Etat constitutionnel». L'opposition et les organisations des droits de l'homme en Egypte ont ainsi qualifié la modification de la Constitution, votée mardi soir par un Parlement tout acquis au pouvoir. Ces amendements, annoncés comme la clé de voûte de la réforme démocratique promise par Hosni Moubarak lors de sa réélection en 2005, sont jugés liberticides par Amnesty International qui y voit «la pire atteinte aux droits de l'homme» depuis 26 ans, date de son arrivée au pouvoir et de l'instauration de la loi d'urgence.
Bâillonner. Trois points cristallisent la colère de l'opposition. L'état d'urgence, dispositif d'exception régulièrement reconduit au nom de la lutte antiterroriste, est de facto institutionnalisé. L'amendement de l'article 179 permet en effet aux autorités, sans mandat judiciaire, d'arrêter des suspects, de fouiller leur domicile, de surveiller leur courrier et de les placer sur écoute. De même, toute personne suspectée de terrorisme pourra être déférée devant un tribunal d'exception. Des mesures qui pérennisent la loi d'urgence, souvent utilisée, selon l'opposition et les ONG des droits de l'homme, pour bâillonner toute forme de contestation depuis un quart de siècle. «Il est parfois nécessaire de sacrifier, dans une certaine limite, des droits et des libertés pour protéger la sécurité et l'ordre public», a expliqué Fathi Sorour, président du Parlement, et pilier du Parti national démocratique (P