Islamabad de notre correspondante
Quatre pendus en carton devant la Cour suprême d'Islamabad, représentant le peuple, le Parlement, la justice et la presse. Derrière, une trentaine de personnes assises sur les marches exhibent des pancartes dénonçant le gouvernement : «Sauvez-nous des mensonges, des mensonges, des mensonges.»
Disparitions. «Nous protestons contre l'injustice faite à Iftikhar Chaudhry, notre président de la Cour suprême. C'est toute la nation qui a été insultée quand il a été renvoyé par le président Musharraf», explique Jamil, qui se présente comme un simple citoyen. Depuis une semaine, ces manifestants se retrouvent tous les jours pendant une heure. Parmi eux, Amina Janjua, dont l'époux a disparu, enlevé par les services secrets. «Voyez, nous sommes plusieurs familles ici, nos époux ou nos fils ont disparu. Il y a des centaines de cas de disparition au Pakistan, explique Amina. Le président de la Cour suprême était le seul à oser demander des comptes au gouvernement sur ces disparitions. C'est notamment pour cela qu'il a été évincé.»
En renvoyant Iftikhar Chaudhry, après des accusations d'abus de pouvoir et de mauvaise conduite, le 9 mars, le président Musharraf a déclenché une crise politique, qui n'en finit pas de rebondir. Après avoir refusé de démissionner, le président de la Cour suprême avait été publiquement malmené et humilié par la police. Il est alors devenu un symbole, et l'affaire a soulevé une tempête de protestations d