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Libération

En Chine, Mme Wu bien seule en son palais

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Sa résistance face aux promoteurs a rempli d'espoir des milliers d'expropriés.
publié le 28 mars 2007 à 6h53

Pékin de notre correspondante

Une star est née. Chignon choucroute et talons aiguilles, Wu Ping, 49 ans, vitupère au pied de son royaume assiégé par les pelleteuses. Ce petit immeuble de briques de deux étages, qui trône depuis des mois sur un monticule de terre d'une dizaine de mètres de haut, est devenu en quelques jours un symbole, et sa propriétaire une icône. Entouré par les nouvelles tours de Chongqing, la mégapole chinoise au bord du Yang-Tsé, le pauvre palais de Mme Wu est tout ce qui reste d'un quartier populaire rasé par un promoteur qui veut en faire un centre commercial et des résidences de luxe. Mercredi dernier, Yang Wu, le mari de Ping, ancien champion d'arts martiaux, a planté la bannière étoilée nationale sur le toit et déplié une banderole «Pas de violation de la propriété privée». Une semaine après le vote d'une loi historique par le Parlement, qui accorde à chaque Chinois le droit de devenir propriétaire, le slogan a fait mouche.

Des millions de gens expropriés chaque année en Chine y ont vu sinon un espoir, du moins une revanche. La plupart du temps, le combat est perdu d'avance et les manifestations, souvent déclenchées par les expropriations, sont réprimées par la police. Ceux qui, écoeurés par la collusion manifeste des autorités locales avec les promoteurs privés, espèrent en la justice, sont toujours déboutés par les tribunaux provinciaux après des mois de procédure. Certains tentent leur chance en partant à Pékin, un cahier de doléances sous l