Harare envoyée spéciale
«Voilà où Morgan Tsvangirai a été roué de coup, le 11 mars.» Peter Dzama, un militant du Mouvement pour le changement démocratique (MDC, le parti de Tsvangirai, principal opposant au régime), pointe du doigt le poste de police de Highfield. Il y a deux semaines, le passage à tabac de 49 opposants avait provoqué un tollé général. Aujourd'hui, le calme est revenu dans ce quartier populaire de Harare. «On évite d'attirer l'attention, explique Dzama. Dès qu'il y a un attroupement, la police risque de débarquer. Parfois, après une manifestation, les policiers ou les "green bombers" [les milices de jeunes créées par le président Robert Mugabe, ndlr] encerclent un groupe de maisons et frappent les habitants.» A l'abri des oreilles indiscrètes, le militant du MDC raconte comment la police lui a cassé le bras : «J'étais chargé de sécuriser le stade de Highfield avant l'arrivée de nos leaders. Mais des policiers m'ont surpris et m'ont battu.» Très maigre dans son tee-shirt troué, le visage émacié, ce chômeur de 34 ans vit de maigres «donations».«On n'a plus rien à perdre, dit-il. Le 11 mars, quand nos leaders ont été arrêtés, des jeunes ont attaqué des policiers. Nous n'avons plus peur : les tabassages nous ont endurcis !»
Emprise. Depuis sept ans, Robert Mugabe Premier ministre à l'indépendance de cette ancienne colonie britannique, en 1980, et président depuis 1987, n'a cessé de durcir la