La bataille de Mogadiscio a commencé. L'armée éthiopienne et les troupes somaliennes ont engagé des moyens lourds pour reprendre le contrôle de la capitale, dont des portions entières sont sous le contrôle d'insurgés, principalement des miliciens des Tribunaux islamiques déchus en décembre. Les combats, très durs, ont fait 22 morts pour la seule journée d'hier, dont sept Ethiopiens. Les cadavres de deux d'entre eux ont été traînés au bout de cordes par des habitants du quartier de Shirkole. Non loin de là gisaient cinq corps en uniforme éthiopien tandis qu'un véhicule militaire se consumait. A l'aéroport de Mogadiscio, un avion militaire éthiopien a évacué une dizaine de soldats blessés.
C'est la première fois que des militaires éthiopiens sont ainsi tués et traînés en public dans les rues de Mogadiscio depuis leur victoire éclair de décembre. Ces scènes rappellent étrangement le fiasco de l'équipée humanitaire des années 90. Quelque 28 000 Casques bleus, dont plus de 15 000 Américains, avaient débarqué en Somalie en décembre 1992 pour tenter de mettre fin à la destruction et au racket orchestré par les chefs de guerre qui venaient de renverser le dictateur Siad Barré. L'accumulation de maladresses et d'incompréhensions avait débouché, dix mois plus tard, sur la tragique journée du 3 octobre 1993, relatée dans le film la Chute du Faucon noir de Ridley Scott, durant laquelle 18 soldats américains avaient trouvé la mort. Deux hélicoptères de combat américains avaient été