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Libération
Interview

«La paranoïa ne cesse de croître en Iran»

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publié le 2 avril 2007 à 6h59

Londres de notre correspondante

Directeur du centre d'études iraniennes à l'université Durham, Mahmood Zweiri explique les racines du contentieux entre Londres et Téhéran.

Comment la Grande-Bretagne est-elle perçue dans l'opinion publique iranienne ?

Chaque fois que quelque chose de négatif se passe sur le sol iranien, la Grande-Bretagne est tenue pour responsable. Dans ces moments-là, les Iraniens concluent : «C'est le travail des Anglais», à tel point que cette phrase est devenue une expression populaire. Mi-février, une voiture piégée qui visait un car des Gardiens de la Révolution a explosé dans le sud-est du pays. Selon la rumeur, la Grande-Bretagne était derrière l'attentat. Pour beaucoup, en effet, les Britanniques financeraient des groupes minoritaires iraniens dans l'espoir de renverser un jour le pouvoir en place. La paranoïa ne cesse de croître dans le pays, notamment depuis que la coalition a débarqué sur le sol irakien. Car les Iraniens craignent une intervention armée sur leur territoire.

D'où vient cette perception ?

Elle date du début du siècle dernier. L'Iran représentait une étape stratégique pour le Royaume-Uni car situé à mi-chemin sur la route de l'Inde. Plus tard, dans les années 20, c'est ajouté l'enjeu pétrolier. Les Britanniques se sont mêlés des affaires de ce pays afin d'imposer, à sa tête, ses alliés. Pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque le chef du pays, Reza Khan, s'est peu à peu rapproché de l'Allemagne nazie, les Britanniques et l'URSS