Kigali correspondance
Tout au bout de l'aéroport de Kigali se trouve l'imposante maison de l'ex-président Juvénal Habyarimana. La propriété garde quelques vieux restes : fauteuils usés jusqu'à la corde, table reposant sur deux pieds d'éléphant, multiples salles de bains... L'épave de l'avion présidentiel, abattu par deux missiles le 6 avril 1994 aux alentours de 20 heures, gît dans le jardin : un moteur ici, une aile un peu plus loin.
Le site du crash qui fut le prélude du génocide durant lequel 800 000 Tutsis et opposants hutus ont été tués semble à l'abandon. Il doit pourtant, d'ici juin, accueillir un musée dédié à la deuxième République (1973-1994), c'est-à-dire le régime Habyarimana. Il y aura une cafétéria, un parc zoologique et une boutique de souvenirs. Depuis un promontoire, on pourra photographier le site «historique».
Héritier. Informé de l'ouverture d'un musée dans la maison de son père, Jean-Luc Habyarimana, qui vit en région parisienne, y voit un «détournement de biens personnels».«Jamais nous n'avons été consultés, assure-t-il, alors que cette résidence privée nous appartient.»
Y a-t-il au Rwanda un «tourisme du génocide» ? «Ce thème est parfois ajouté à des circuits existants, mais il n'est jamais dominant», explique Rica Rwigamba, directrice de l'office du tourisme rwandais. Partout et à tout moment, le voyageur est confronté à l'histoire récente au Rwanda. Un mémorial ici, un site de massacres là, des prisonniers en tenue rose d