Chiapas de notre envoyée spéciale
Un calicot «Bienvenue à notre président légitime» barre la rue principale. Une estrade a été dressée sur le Zócalo, la grand-place. Dans une petite tente s'affairent des volontaires. Munis d'ordinateurs, ils inscrivent tous ceux qui veulent poursuivre le «mouvement de résistance». Et ils sont nombreux à faire la queue pour repartir avec une carte de «délégué». La petite ville mexicaine de Villa Comatitlán, 13 000 habitants, sur la côte pacifique du Chiapas, est prête à recevoir celui que beaucoup considèrent toujours comme le véritable président du Mexique : Andrés Manuel López Obrador, le leader du PRD (Parti révolutionnaire démocratique, gauche), battu le 2 juillet 2006 de 0,5 % des voix à peine par le président de droite, Felipe Calderón, dont il conteste la victoire. Depuis le début de l'année, López Obrador a entrepris de faire la tournée des 2 446 municipalités mexicaines «pour que les 15 millions de votes en [sa] faveur ne soient pas perdus, pour que la flamme de l'espoir ne s'éteigne pas».
Sous les bravos. «Il vient motiver les troupes et, nous, on est derrière lui», explique le leader local du PRD, Arcadio Torrez, par ailleurs patron de la rôtisserie El Pollo Feliz («le poulet heureux»). «Il veut un vrai changement dans le pays. J'en suis sûr, le peuple aura le dernier mot. López Obrador est notre président authentique.» Le voilà justement qui fend la foule, serre des mains, embrasse femmes et