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Libération

L'Afghanistan meurtri et uni après l'exécution du journaliste

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publié le 13 avril 2007 à 7h12

Kaboul envoyé spécial

Unique réalisation durant leur épouvantable règne de cinq ans, les talibans ont légué à Kaboul une mosquée, lourde, arrogante, épaisse, qui n'est toujours pas achevée. L'affreux monument casse la perspective de la place Zar Negar, au centre de la capitale afghane. C'est là, sur un tertre, face à ce monstre de béton, que journalistes et intellectuels afghans ont dressé un petit mémorial à l'interprète et journaliste indépendant Adjmal Naqshbandi, décapité il y a quelques jours par les «étudiants en religion» (Libération du 9 avril). Portraits de la victime, banderoles et fleurs rendent hommage à celui dont le cadavre vient d'être découvert par la police et donné à sa famille. Suprême cruauté, inimaginable même dans le contexte afghan : les talibans n'ont pas rendu la tête du supplicié.

Symbole. Mardi, tout ce que Kaboul compte de défenseurs de la société civile est venu rendre hommage à Naqshbandi, devenu le symbole de l'Afghanistan meurtri, qui voudrait en finir aussi bien avec l'ordre noir des talibans qu'avec les chefs de guerre et les autres seigneurs de la drogue. «C'est une manifestation unique. C'est la première fois que les médias et la société civile se réunissent pour dire "Plus jamais ça". Nous sommes ici à la fois pour rendre hommage à toutes les victimes, celles des talibans comme celles du gouvernement, et dire non à la violence, à toutes les violences. Bien sûr, c'est un projet à long terme, qui n'aura pas d'effet immédiat.