«Ma pension ne me permet même pas de nourrir mes chiens», se lamente Nicky, la veuve d'un colonel de la Rhodésie d'avant l'indépendance, l'ancienne colonie britannique. La vieille dame de 85 ans, très «anglaise» avec sa permanente impeccable, survit grâce à l'aide de son fils, installé au Swaziland. «Certains n'ont pas cette chance.» Nombre de retraités blancs, qui ont connu les délices de la vie coloniale, se retrouvent aujourd'hui désargentés. Comment survivre avec une pension au montant fixe, qui ne vaut plus aujourd'hui qu'entre 30 centimes et 5 euros par mois ?
Leurs comptes d'épargne ont été rongés par l'hyperinflation. Pour survivre, certains continuent à travailler, comme Terry, un ingénieur de 72 ans, qui vient d'effectuer un contrat de consultant au Mozambique. D'autres dépendent de la solidarité d'associations britanniques, qui fonctionnent clandestinement, vu les relations exécrables entre Londres et Harare. «Nous payons leurs frais dans les maisons de retraite, qui ne reçoivent plus aucune subvention, explique une bénévole d'une association qui aide un millier de retraités. Les cas les plus tragiques, ce sont ces pensionnaires sans ressources, qui vivent isolés, parfois dans un garage ou une chambre de domestique. Nous avons financé le rapatriement à Londres d'un veuf. Cet ancien vétérinaire, très digne dans son costume élimé, partageait une pièce avec sept Africains, qui l'avaient pris en pitié.»
L'année dernière, deux personne