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Libération

Le Zimbabwe paie les choix de Mugabe

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Avec une inflation de 1 800 %, la population, plongée dans la misère, survit grâce au marché noir.
par Marina BURGEON
publié le 13 avril 2007 à 7h12

Harare envoyée spéciale

« Je suis furieux, peste un Européen, installé depuis trente ans au Zimbabwe. Mon fils a besoin d'un appareil dentaire, et vendredi l'orthodontiste voulait 30 millions de dollars zimbabwéens [2 500 dollars US au taux de change parallèle, ndlr]. Quand j'ai pu rassembler cette somme, mardi, la facture était passée à 50 millions !» L'hyperinflation ­ près de 1 800 % par an, un record mondial ­ est un fléau au pays de Robert Mugabe. Dans les magasins, les prix grimpent tous les jours.

Après l'indépendance de 1980, le Zimbabwe a fait figure de pays modèle en Afrique, avec une économie agricole et minière prospère, des infrastructures développées et un bon niveau d'éducation. Mais, dans les années 90, les coupes imposées par le FMI dans les services publics ont entraîné un mécontentement social, qui s'est traduit, sur le terrain politique, par la création du parti d'opposition, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), du syndicaliste Morgan Tsvangirai.

Monnaie de singe. Le Zimbabwe a alors commencé sa descente aux enfers : craignant de perdre les élections de 2000, le président Mugabe a lancé une violente réforme agraire, qui a abouti au départ de la plupart des 4 500 fermiers blancs. Pilier de l'économie, la production agricole ­ notamment celle du tabac, grand fournisseur de devises étrangères ­ s'est effondrée. De nombreuses industries de transformation ont fermé leurs portes, entraînant un chômage massif, et le gouvernement