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Libération

«Notre pays est en train de mourir, mais la plupart des gens s'en foutent»

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par Lorraine Millot, correspondante à Moscou.
publié le 14 avril 2007 à 7h00

Aux abords de la place Pouchkine, au centre de Moscou, il suffisait ce samedi midi de porter un blouson fripé, de crier «Liberté!» ou dire «Honte!» pour être arrêté par les OMON, les policiers anti-émeutes harnachés comme des tortues Ninja. Plusieurs centaines de manifestants ou simples badauds qui s'étaient rassemblés à l'appel du mouvement d'opposition «L'autre Russie» ont été interpellés, parfois doucement, parfois à coups de matraques, et jetés dans des cars de police.L'ancien champion du monde d'échecs Garry Kasparov, leader de «L'Autre Russie», a été interpellé juste au moment où il arrivait près de la place Pouchkine. «L'Etat policier russe montre son visage!», soupirait une vieille femme de l'autre côté de la rue, pas trop fort pour ne pas se faire remarquer par les policiers qui ratissaient la foule tout autour de la place. Garry Kasparov a été relaché trois heures plus tard, alors qu'une centaine de ses partisans s'étaient rassemblés devant le commissariat où il était détenu et criaient «Liberté!».

Pour empêcher l'opposition de se masser sur la place Pouchkine, les autorités russes avaient imaginé ce samedi pas moins de trois manifestations concurrentes, et surtout déployé plusieurs milliers de policiers et soldats au centre de Moscou. Quelques provocateurs avaient aussi été prévus, comme un groupe d'hommes déguisés en prostituées, complaisamment filmés par la télévision russe, qui pourra ainsi faire croire qu'il s'agis