Il n'y avait ni pancartes ni banderoles de partis, mais des dizaines de milliers de drapeaux et de portraits de Mustafa Kemal Atatürk, brandis par une foule immense de près d'un demi-million de personnes voire d'un million, selon les organisateurs , scandant «la Turquie est laïque et restera éternellement laïque». Lancée par l'Association pour la pensée d'Atatürk et d'autres ONG «kémalistes» de gauche, «la marche pour la République», qui a parcouru samedi le centre d'Ankara jusqu'au mausolée célébrant la mémoire du père de la Turquie moderne, a encore accru la pression sur le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, le leader de l'AKP (Parti de la Justice et du Développement), issu du mouvement islamiste. Aujourd'hui s'ouvre officiellement le dépôt des candidatures pour succéder à l'actuel chef de l'Etat, Ahmet Necdet Sezer, juriste laïc et républicain, dont le mandat s'achève en mai. Erdogan, l'ancien maire du grand Istanbul, fut un islamiste fervent, mais il se proclame aujourd'hui «musulman-démocrate», comme on est chrétien-démocrate en Occident, voire même simplement «musulman conservateur». Il doit maintenant décider s'il entre en lice pour la présidence. Le résultat ne ferait guère de doute, car le chef de l'Etat est élu par l'Assemblée nationale et l'AKP y dispose depuis les législatives de novembre 2002 d'une très confortable majorité de 353 voix sur 550.
Verrou. Le président de la République dispose de pouvoirs surtout honorifiques, mais il peut bloque