Jean-Hervé Bradol, président de Médecins sans frontières (MSF), a dû gérer à plusieurs reprises des affaires d'enlèvements de membres de son ONG.
Après ces prises d'otage, y a-t-il encore une place pour les ONG en Afghanistan ?
En juin 2004, cinq de nos amis de MSF ont été assassinés. La situation est impraticable. On suit évidemment ce qui s'y passe, mais nous n'avons pas l'intention dans l'immédiat d'y retourner. De plus, dans les meurtres de nos cinq amis, des suspects ont été identifiés, qui étaient d'ailleurs plutôt liés à la mouvance gouvernementale. Les suspects ont été tous libérés, ce qui ne nous a pas laissé une très bonne impression... Au passage, cela n'avait pas empêché les talibans de revendiquer l'action.
Et dans l'affaire actuelle ?
Je suis embarrassé. Nous n'avons pas d'information. On nous demande notre avis, mais on ne sait pas, moi en tout cas, ce que représente l'ONG Terre d'enfance. Qui sont-ils ? Qu'est-ce qu'ils font ? Ils étaient dans une des régions les plus dangereuses du pays, au bord des places fortes des talibans. Ils étaient là pour un projet éducatif. Ce sont des risques importants pour un projet incertain. On n'a vu apparaître aucun responsable de l'association. Bref, nous ne savons pas de quoi on parle et qui peut éventuellement négocier en leur nom.
Car il faut négocier ?
Evidemment. De notre expérience, on a compris qu'il y avait un premier choix à faire. Qui doit négocier ? L'ONG ? Ou bien le gouvernement dont dépendent les ressortissants enlevés ? Nous, nous avons toujours fait le choix de négocier. Car on a vite compris qui si on n'était pas partie prenante des négociati