Port Harcourt envoyée spéciale
Le rendez-vous a été long à obtenir. Il est donné dans un hôtel de Port Harcourt. «Les militants sont nerveux en ce moment», nous explique-t-on sur le chemin. «C'est à cause des élections qui approchent.» Le taxi roule dans les ruelles défoncées de la vieille ville jusqu'au port. Le bord de l'eau est jonché de poubelles, et au loin flottent quelques bateaux à moteur. C'est l'un d'entre eux qui doit nous mener jusqu'à Tom Ateke, le chef de l'un des nombreux groupes armés de la région du delta. Quinze minutes de bateau à moteur et un labyrinthe de bras de fleuve plus loin, nous voilà dans le camp. Un renfoncement dans les lianes de la mangrove, invisible à plus de 50 mètres. L'endroit est inaccessible par la route.
Tom Ateke reçoit autour d'une table en plastique. Il est en colère. «Le gouvernement n'a pas tenu ses promesses. Nous avons aidé le PDP [Parti démocratique du peuple] à venir au pouvoir en 2003. Ils nous avaient promis du travail, mais ils n'ont rien fait !» Ateke est le chef des Forces vigilantes du delta du Niger. Ce groupe a été créé et armé en 2003 par le gouverneur de la région pour voler les urnes, influencer les résultats du scrutin et s'assurer de la victoire. Cette pratique est courante dans une région où le pouvoir politique est synonyme d'accès aux ressources du pays.
Contrat de travail. Dans le delta, l'or noir coule à flot. Il représente 75 % des ressources du pays et ramène 45 milliards de dollars par a