Menu
Libération

La politique des faux-semblants règne à Abidjan

Article réservé aux abonnés
publié le 21 avril 2007 à 7h21

Abidjan envoyé spécial

«Depuis le début de la guerre civile en septembre 2002, on jouait un mauvais film en Côte-d'Ivoire. Depuis quelques semaines, c'est un bon film qui nous est proposé... Mais cela reste un film.» Le jugement dubitatif de ce haut fonctionnaire européen est partagé par de nombreux observateurs en Côte-d'Ivoire depuis la signature, le 4 mars, à Ouagadougou, sous l'égide du chef de l'Etat burkinabé, Blaise Compaoré, d'un accord surprise entre les deux principaux protagonistes de la crise ivoirienne : le président Laurent Gbagbo et l'ancien chef des rebelles qui ont voulu l'abattre, Guillaume Soro. Dans la foulée, ce dernier a été nommé Premier ministre. L'heure de la réconciliation de la Côte-d'Ivoire divisée en deux depuis plus de quatre ans a-t-elle enfin sonné ? Au Nord comme au Sud, la population l'espère ardemment.

A Abidjan, les irréductibles ennemis d'hier multiplient les gestes de bonne volonté. Dans un journal prorebelle, c'est l'un des chefs des «Jeunes Patriotes» (partisans de Gbagbo), le «maréchal» Eugène Djué, qui proclame son soutien sans faille à Guillaume Soro. En contrepartie, la «presse bleue», acquise au régime, ouvre largement ses colonnes aux anciens rebelles. Le 16 avril, dans le centre du pays, Gbagbo et Soro étaient bras dessus bras dessous pour assister au coup d'envoi du démantèlement de la «zone de confiance» qui sépare, d'est en ouest, les belligérants. «La symphonie de la paix est magnifiquement orchestrée», sourit un