Abuja de notre correspondante
Yusef est installé sous le toit de tôle qui protège l'un des points d'eau courante de la ville de Mararaba. Il est venu vendre des parts de gâteau rassemblées sur un grand plateau qu'il transporte sur la tête. «10 nairas la part [moins de 1 cent d'euro], ça ne suffit pas pour nourrir et scolariser mes dix enfants, mais qu'est-ce que je peux faire ? Je n'ai pas d'économies pour démarrer un petit commerce, et l'argent que je gagne, j'en ai besoin pour manger», se lamente-t-il. Attiré par la conversation, Abdulahi Datti, un voisin, s'énerve : «Nous sommes soi-disant dans un pays producteur de pétrole, nous avons de l'argent et beaucoup de ressources, mais les Nigérians souffrent.» Il tient un commerce un peu plus loin, fait de l'import-export et a voyagé en Europe. «Ça vous paraît normal à vous ? En 1999, on vendait le pétrole à 13 dollars. Aujourd'hui, c'est presque 63 ! Mais il n'y a toujours pas d'électricité, pas de sécurité, pas d'éducation, rien !»
Du chauffeur de taxi au cadre moyen, ce discours désabusé revient régulièrement avant les élections de samedi. Tous ont vu les revenus pétroliers du plus gros producteur africain grimper ces quatre dernières années, sans que cela ne change leur quotidien. En 2006, le gouvernement a encaissé plus de 40 millions de dollars grâce à l'exportation du pétrole. Mais à Mararaba, à 12 kilomètres de la capitale, Abuja, et de ses bureaux climatisés, il n'y a pas d'eau courante et rarement d