Abuja de notre correspondante
«Tragédie nationale», «élections chaotiques», etc. Les critiques de l'opposition sont virulentes au lendemain de la présidentielle et des législatives de samedi. Aucun résultat n'est encore sorti des urnes, mais déjà plus personne ne semble y croire.
Les témoignages de fraudes se sont multipliés hier. C'est dans la région du Delta, dans le sud du pays, qu'elles seraient les plus criantes. Dans certains bureaux de vote de l'Etat de Bayelsa, il y a eu plus de votes que d'électeurs enregistrés. Ailleurs, un jeune homme a avoué avoir eu pour mission de préestampiller une cinquantaine de bulletins de vote. Il s'est plaint de ne pas avoir été payé comme convenu.
«Inquiet». Mais le Nord n'a pas été épargné. A Kaduna, trois heures avant la fermeture des bureaux, les bulletins de vote n'étaient pas arrivés. «Je préfère attendre au soleil plutôt que l'on me vole mon vote, je veux un changement», explique Abubakar, 32 ans, devant un bureau de vote où 16 000 électeurs étaient enregistrés. Autour de Kano, fief du parti d'opposition de Muhammadu Buhari, le All Nigeria Peoples Party, il n'y avait pas assez de bulletins de vote pour tous les électeurs. Les irrégularités ont été systématiquement plus nombreuses dans les villes proches ou acquises à l'opposition. L'autre opposant de poids, le vice-président Atiku Abubakar, a demandé l'annulation du scrutin.
La mission d'observation de l'Union européenne, elle, critique le manque de transparence du scrut