Varsovie de notre correspondante
Entrée en vigueur le 15 mars, la nouvelle loi de lustration (purification, au sens étymologique) oblige des centaines de milliers de personnes journalistes, universitaires, gérants de sociétés, avocats... à déclarer par écrit si elles ont ou non collaboré avec l'ancienne police secrète communiste. Elle remplace et complète une loi de 1997 qui s'appliquait uniquement aux hommes politiques, hauts fonctionnaires de l'Etat et magistrats, soit près de 28 000 personnes. La première loi stipulait qu'une personne prise en flagrant délit de «mensonge» devait être écartée de toute fonction publique pendant dix ans.
Dénoncer. Des journalistes de renom et les recteurs des 105 universités polonaises publiques et privées ont dénoncé cette loi. Saisie par l'opposition, la Cour constitutionnelle doit se prononcer sur la loi lors d'une séance qui se tiendra du 9 au 11 mai. L'ombudsman (équivalent du médiateur de la République) qualifie les sanctions prévues de «disproportionnées».
La loi a suscité beaucoup de critiques en Pologne, mais Bronislaw Geremek, une figure emblématique de Solidarité, historien médiéviste réputé et ancien ministre des Affaires étrangères, aujourd'hui âgé de 75 ans, est le seul élu à lui avoir dit non. «Il est le seul des 51 eurodéputés à n'avoir pas déposé la déclaration dans les délais requis», explique Beata Tokaj, membre du bureau juridique de la Commission électorale nationale. Informés le 19 mars, ces eurod