Le Caire de notre correspondante
D'énormes piles de passeports verts, frappés d'un aigle doré : depuis des mois, le Mogamaa, l'impressionnant bâtiment du ministère égyptien de l'Intérieur, est submergé par les demandes de visas long séjour pour les Irakiens. Plus de 120 000 réfugiés, majoritairement des chiites, se sont installés au Caire depuis le début de la guerre. Un phénomène qui s'est accéléré à l'automne et qui inquiète ouvertement l'Egypte, soucieuse d'un risque de contagion des violences confessionnelles irakiennes sur son sol. Elle vient de durcir les conditions d'accès aux Irakiens qui ne pourront plus obtenir leur visa à leur arrivée au Caire, comme c'était jusqu'alors le cas, mais uniquement auprès des consulats à l'étranger. «Une mesure de sécurité», admet le ministère des Affaires étrangères.
Mise en garde. Car la défiance de l'Egypte à l'égard des chiites n'est pas récente. Majoritairement sunnite, le pays a toujours placé sous étroite surveillance sa minorité chiite (moins de 1 % de sa population musulmane). Pas de lieux de cultes spécifiques, interdiction de rassemblements religieux, pas de prosélytisme : les chiites sont tolérés, mais à condition de se faire les plus discrets possible. L'Egypte voit en eux des vecteurs de l'influence iranienne. Le Caire et Téhéran, rivaux régionaux ancestraux, n'ont plus de relations diplomatiques depuis la signature des accords de Camp David en 1979.
Dès les prémices de la guerre en Irak, l'Egypte n'a cessé de mettre