Ankara envoyé spécial
La bataille du foulard, symbole de l'islam politique, se rallume avec l'élection présidentielle turque. Parmi les parlementaires réunis vendredi pour élire le chef de l'Etat (lire encadré), le parti au pouvoir, l'AKP, issu du mouvement islamiste, dispose d'une confortable majorité (353 députés sur 550). Mais Hayrünnisa, la femme du grand favori Abdullah Gül, a la tête couverte. «Il s'agit d'une préférence, d'un droit individuel, que tout le monde doit respecter», avait expliqué le ministre des Affaires étrangères et bras droit du premier ministre Recep Tayyip Erdogan après avoir été choisi comme candidat.
Empire. Depuis, la polémique fait rage. L'establishment laïc, en premier lieu les militaires, voit dans le foulard islamiste un défi aux principes de la république laïque fondée par Mustapha Kemal sur les décombres de l'empire ottoman. Une Première Dame voilée leur est tout simplement inconcevable, d'autant que le président de la République est aussi le chef des forces armées et que le port du foulard est strictement interdit aux femmes des officiers.
«La Cour constitutionnelle a interdit le foulard dans les institutions publiques, les administrations comme les universités, alors comment imaginer que la femme du premier personnage de l'Etat puisse le porter au palais présidentiel ?», s'indigne Onur Oymen, vice-président du CHP, le Parti républicain du peuple, gardien de l'héritage kémaliste et principale force de l'opposition. Au long des s