Istanbul (envoyés spéciaux)
Il y a la pression de la rue, avec des centaines de milliers de personnes, voire même un million, massées hier à Istanbul pour marteler que «Cankaya (l'Elysée turc, ndlr) restera fermé à la charia». Il y a les pressions des militaires, qui ont rappelé, au coeur de la nuit de vendredi, dans un long communiqué, le caractère «intangible» de la laïcité de la République. L'élection présidentielle turque est devenue un moment de vérité pour le processus de démocratisation de ce pays, peuplé à 99 % de musulmans, mais laïc, et qui a commencé en octobre 2005 ses négociations d'adhésion à l'Union européenne.
Alors que le parlement dominé par l'AKP du premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, doit se réunir mercredi pour un second tour de scrutin, la Turquie laïque accroît sa mobilisation, inquiète de voir ce parti issu du mouvement islamiste occuper toutes les principales charges de l'Etat. Le ministre des Affaires étrangères, Abdullah Gül, est le seul candidat en lice, et l'AKP dispose de 353 sièges sur 550 (bien que n'ayant remporté que 34 % des voix aux élections de 2002). Au second tour, il faut encore une majorité des deux tiers. Ensuite, une majorité simple suffit. Le camp laïc dénonce «un danger sans précédent» dans l'histoire de la République fondée par Mustapha Kemal Atatürk sur les décombres de l'Empire ottoman.
Dans l'immense foule hérissée de drapeaux turcs et massée dimanche sur la place Caglayan, il y avait surtout des j