Les Turcs iront donc aux urnes pour élire une nouvelle Assemblée nationale. Passant à la contre-offensive, le Premier ministre turc, Tayyip Erdogan, issu du mouvement islamiste, a annoncé qu'il demanderait aujourd'hui au Parlement d'autoriser la tenue d'élections législatives anticipées le 24 juin. «Notre système parlementaire a été bloqué [...], nous allons rapidement nous tourner vers le peuple, c'est lui qui prendra les meilleures décisions», a lancé à la télévision le leader de l'AKP, le parti au pouvoir, qui espère toujours faire élire le ministre des Affaires étrangères Abdullah Gül président de la République par le Parlement. Erdogan a évoqué aussi une modification de la Constitution afin de permettre une élection du chef de l'Etat au suffrage universel pour un mandat de cinq ans au lieu de sept actuellement. Visant directement l'armée, le Premier ministre a déclaré : «En démocratie, il n'y a pas de meilleur moyen pour s'adresser au gouvernement que de voter.»
Les militaires, qui se posent en gardiens de la laïcité républicaine, avaient fait part, vendredi dans la nuit, de leur «inquiétude» au travers d'un «mémorandum». Le camp laïc s'est mobilisé dimanche dans les rues d'Istanbul en regroupant plus d'un million de manifestants aux cris de «ni charia ni coup d'Etat !» (lire aussi pages 30-31).
Mardi, la Cour constitutionnelle, saisie par l'opposition laïque, a invalidé le premier tour de l'élection présidentielle, constatant que le quo