Menu
Libération

L'armée en perte d'autorité

Article réservé aux abonnés
Le gouvernement rappelle les militaires à l'ordre, les laïques veulent faire sans eux.
publié le 7 mai 2007 à 7h36

Ankara envoyé spécial

Le pouvoir politique des militaires turcs n'est plus ce qu'il était. Le 27 avril dans la nuit, l'armée avait publié un mémorandum à propos de la présidentielle, évoquant «les risques de remise en cause de la laïcité». Mais, pour la première fois, une telle mise en demeure est restée quasiment sans effet. Le ministre de la Justice, Cemil Cicek, s'était même permis de rappeler lourdement que «le chef d'état-major est responsable devant le Premier ministre». «Le gouvernement en place n'a pas courbé l'échine et, de l'autre côté, le camp laïquedans sa grande majorité s'est démarqué de cette initiative», analyse l'universitaire Ahmet Insel, soulignant que, désormais, «les militaires ne peuvent plus imposer leur point de vue et doivent miser sur la persuasion en agissant de façon indirecte dans le jeu politique démocratique, au travers de relais dans la société civile». Une page s'est tournée.

Rebuffades. Par trois fois ­ en 1960, 1971 et 1980 ­ l'armée, estimant la République en danger, a pris le pouvoir avant de le rendre aux civils. En février 1997, elle organisa la mobilisation de la société puis adressa un ultimatum au Premier ministre de l'époque, Necmettin Erbakan, leader historique de l'islamisme politique turc, le contraignant à démissionner. On avait alors parlé de «coup d'Etat postmoderne». Pilier du flanc sud-est de l'Otan avec ses 600 000 hommes, elle reste une puissance et conserve tout son prestige dans l'opinion