Istanbul de notre correspondant
Faute d'avoir réussi une seconde fois, hier, à obtenir le quorum des voix nécessaires devant le Parlement, le ministre des Affaires étrangères turc, Abdullah Gül, a annoncé qu'il jetait l'éponge pour la présidence de la République. «Après ça, ma candidature est hors de question», a affirmé le candidat soutenu par Recep Tayyip Erdogan, le leader du parti au pouvoir issu de la mouvance islamiste.
Mais ce n'est que partie remise. Le bras de fer va continuer entre le camp laïque, soutenu par l'armée, et l'AKP, le parti au pouvoir, pour empêcher l'arrivée au palais de Cankaya l'Elysée turc d'un politicien aussi estimé à Bruxelles ou Washington que dénoncé par ses adversaires kémalistes comme «un fondamentaliste souriant». Et les laïques s'indignent à l'idée que la femme du chef de l'Etat puisse porter le foulard. Toute la journée de samedi, des manifestations ont continué dans le pays en défense de la République laïque fondée par Mustafa Kemal sur les décombres de l'Empire ottoman.
Le retrait de Gül représente en apparence la première grosse défaite de l'AKP depuis son arrivée au pouvoir en novembre 2002 avec 34,5 % des voix et près de deux tiers des sièges grâce à l'éparpillement des suffrages. Erdogan compte bien prendre sa revanche, car son parti reste le favori des sondages pour les élections anticipées du 22 juillet. Le Premier ministre a de surcroît relancé la mise en proposant l'élection au suffrage universel du chef de l'Etat