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Libération

En Estonie, l'Armée rouge divise encore

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publié le 9 mai 2007 à 7h40

Tallinn envoyée spéciale

La tête penchée sur le côté, les yeux rivés sur un tapis de fleurs déployé devant lui, l'imposant soldat de bronze semble ignorer l'agitation qui règne autour de lui. En milieu de matinée hier, les forces de l'ordre estoniennes ont bouclé le cimetière militaire de Tallinn. Après les émeutes de ces dernières semaines, pas question que les commémorations du 8 mai ne dérapent. La délégation officielle, composée de dignitaires estoniens et d'une vingtaine de diplomates étrangers, est arrivée en bus un peu avant 11 heures. Le premier ministre, Andrus Ansip, a déposé une gerbe de fleurs blanches aux pieds du monument en l'honneur des soldats soviétiques morts pendant la Seconde Guerre mondiale. Puis il est reparti.

La cérémonie n'a duré qu'un quart d'heure. Mais, remarque Nikolai Karajev, journaliste d'un hebdo estonien en langue russe, elle était «exceptionnelle : c'est la première fois que les autorités de ce pays viennent se recueillir devant le soldat le 8 mai». Il y a deux semaines, le déplacement de la statue, érigée dans un parc du centre de Tallinn en 1947, avait provoqué les émeutes les plus violentes qu'ait connues le petit pays depuis son indépendance en 1991. Une personne a été tuée, 150 blessées et un millier interpellées par la police.

«Sacrifice». Hier midi, Sveltana est venue déposer un bouquet de tulipes devant la statue. Pour cette femme de 31 ans, membre de la minorité russe d'Estonie, le monument incarne «le sacrifice des soldats