Alors que Jacques Chirac, l'ennemi juré du président Laurent Gbagbo, s'apprête à quitter l'Elysée, une délégation de trois magistrats de Côte-d'Ivoire s'est rendue discrètement à Paris entre les deux tours de la présidentielle, pour renouveler sa proposition d'«accord à l'amiable». Il s'agit, au moment où un nouveau pouvoir s'installe en France, de solder les comptes entre les deux pays.
Officiellement, Abidjan déclare toujours vouloir faire la lumière sur le bombardement par un Sukhoï ivoirien d'un camp militaire à Bouaké, qui, le 6 novembre 2004, avait fait neuf morts parmi les soldats de la force Licorne. Celle-ci avait riposté en détruisant la quasi-totalité de l'aviation militaire ivoirienne, déclenchant de graves émeutes à travers tout le pays contre les Français et provoquant le départ de 8 000 d'entre eux de Côte d'Ivoire.
Le 31 janvier 2007, la justice ivoirienne a remis une commission rogatoire aux autorités françaises pour demander l'exhumation à des fins d'autopsie des corps des soldats français tués à Bouaké. «Nous l'avons transmise par voie diplomatique, mais nous n'avons toujours pas obtenu de réponse», confie le procureur Raymond Tchimou.
Contrairement à l'usage en matière criminelle, aucune autopsie n'a été pratiquée côté français après le raid de Bouaké. «Tant que nous n'aurons pas ce rapport, nous ne pourrons pas affirmer avec certitude que les militaires de Licorne ont été tués par l'un de nos avions», assure le procureur ivoirien. L'avo