Dili envoyé spécial
Juste après avoir déposé son bulletin dans l'urne lors du second tour de l'élection présidentielle, mercredi, le candidat José Ramos Horta a déclaré que perdre serait pour lui une victoire. «Si je perds, je gagne ma liberté, la liberté d'être un écrivain, un universitaire, un touriste, de voyager», a-t-il confié. Mais cet homme qui, toute sa vie, a cherché à être sur le devant de la scène politique savoure sans aucun doute son succès électoral comme une victoire encore plus douce.
José Ramos Horta, qui prend la succession du héros national Xanana Gusmão comme chef d'Etat du Timor-Oriental, est un diplomate accompli, maîtrisant six langues dont le français, et un familier des coulisses des Nations unies. De père portugais et de mère timoraise, il avait été l'un des fondateurs du parti indépendantiste Fretilin en 1974, quand la révolution des OEillets à Lisbonne avait provoqué l'effondrement de l'empire colonial portugais (le Timor-Oriental a été une colonie portugaise pendant trois cents ans). En octobre 1975, il part à Washington pour tenter de convaincre les autorités américaines d'appuyer la déclaration d'indépendance du Timor-Oriental face à une invasion indonésienne imminente. Mais il est reçu froidement : le département d'Etat, en contact étroit avec Jakarta, ne veut pas s'engager. Quelques jours après, les forces spéciales indonésiennes sont parachutées sur le Timor-Oriental. José Ramos Horta passera vingt-quatre ans à l'étranger, se faisant l'