Karachi envoyée spéciale
Karachi, la capitale économique du Pakistan, a été plongée samedi dans un bain de sang. 37 personnes sont mortes et 140 ont été blessées. La violence s'est déchaînée alors que le chef de la Cour suprême du Pakistan, Iftikhar Chaudry, suspendu par le général Musharraf en mars dernier sous des accusations controversées «d'abus de pouvoir», était attendu dans la ville. La mégalopole de 18 millions d'habitants était totalement bloquée, des conteneurs et des bus entravant la chaussée. Pas moins de 15 000 policiers et paramilitaires devaient assurer la sécurité des manifestants. Mais le MQM, parti des «mohadjirs» (réfugiés venus d'Inde lors de la partition), allié de Musharraf, a déclenché des fusillades dès le matin dans certains faubourgs de la ville habités par des minorités ethniques. La route de l'aéroport s'est transformée en champ de bataille, lorsqu'un cortège de centaines d'activistes politiques, qui se rendaient à l'aéroport pour accueillir Iftikhar Chaudry, a été pris pour cible par des snipers du MQM. Ces derniers n'ont pas hésité à mitrailler les manifestants pacifiques, ainsi que des passants et un chauffeur d'ambulance. Les cadavres et les blessés ont jonché la chaussée pendant plusieurs heures.
Tirs nourris. A l'hôpital Jinnah de Karachi, la colère gagnait les familles des victimes au fur et a mesure que de nouveaux corps ensanglantés étaient ramenés. Aux urgences, un étudiant au visage tuméfié, atteint de quatre balles dans le corps,