Pékin de notre correspondante
Ils étaient des milliers, des dizaines de milliers peut-être, qui n'avaient rien à perdre. Révoltés contre un nouveau tour de vis donné à la plus impopulaire des lois chinoises, celle de l'enfant unique. Samedi, ces paysans de sept villages du Guangxi, dans l'extrême sud du pays, dont la plupart gagnent à peine 100 euros par mois, ont attaqué des bâtiments administratifs à Bobai, brûlant des voitures et des meubles, molestant des employés du planning familial. La riposte des autorités a été brutale : des milliers de policiers armés ont étouffé l'émeute dans la violence. On compte des blessés des deux côtés. La presse chinoise n'a pas évoqué l'affaire jusqu'à hier. Dans un communiqué, l'agence officielle Chine Nouvelle fait rare en de telles circonstances a reconnu que la manifestation «avait mobilisé 3 000 personnes», que des bâtiments publics avaient été «endommagés» et que 28 «meneurs» avaient été arrêtés. «Certains ne comprennent pas le travail de contrôle de la population», a-t-elle précisé en guise d'explication.
Chiffres truqués. La colère montait depuis des semaines autour de Bobai. En décembre dernier, alors que le Comité central décidait de reconduire et même de durcir au niveau national «le travail du Planning familial pour résoudre les problèmes posés par le poids démographique», chaque province a été sommée de rendre des comptes. Dans le Guangxi, et plus particulièrement du côté de Bobai, la natal