Islamabad de notre correspondante
Lorsque Saud Memon a été produit le 4 mai dernier devant la Cour suprême du Pakistan, lors d'une audition sur les cas des personnes disparues, les juges ont été frappés de stupeur. L'homme, apporté sur un brancard, était un squelette vivant. Soupçonné d'être l'un des financiers d'Al-Qaeda à Karachi, Saud Memon, «disparu» depuis quatre ans, était réapparu fin avril, abandonné sur un tas d'ordures près de sa maison familiale à Karachi. Immédiatement hospitalisé sur ordre de la Cour suprême, Saud Memon, 44 ans, est finalement décédé vendredi dernier, il pesait à peine une vingtaine de kilos.
Acteur secondaire. C'est sur un terrain appartenant à ce commerçant de Karachi que la police avait retrouvé les restes de Daniel Pearl, journaliste américain assassiné en février 2002, alors qu'il enquêtait sur les liens entre Al-Qaeda et les services secrets pakistanais. Peu après la découverte du cadavre de Pearl, Memon s'était réfugié en Afrique du Sud, où il a été arrêté par le FBI en mars 2003. Envoyé à Guantanamo Bay, il a été libéré deux ans plus tard et remis aux services pakistanais, qui l'ont maintenu en détention secrète.
Malgré des connexions évidentes dans l'affaire Pearl, Saud Memon, présenté comme l'ennemi public numéro 1, n'était apparemment qu'un acteur secondaire. «Dans cette histoire, les autorités pakistanaises se sont bien gardées d'arrêter les vrais coupables», estime un journaliste de Karachi. Les Américains comme les Pakistanais