Istanbul de notre correspondant
«U n jour ou l'autre, dans un temps pas si lointain, je l'espère, les nationalistes de tous bords comprendront que l'essentiel est de quitter d'abord la honte. Car nous avons pour la plupart, au fond de nous-mêmes, honte. Honte d'être la victime ou d'être le bourreau. Honte de haïr l'autre, alors qu'il est proche. Honte de ne pas pouvoir se parler sans que l'autre se sente coupable ou accusé. Cette honte de passer son temps à nier ou à faire la preuve. Cette autre honte de ne pas pouvoir dire à nos enfants... c'est terminé, on passe à autre chose», disait Serge Avédikian, le réalisateur français de souche arménienne, lors de la session de clôture des 5e Rencontres internationales d'Istanbul pour la liberté d'expression, juste avant la projection de son film, Retourner.
Il s'agit d'un documentaire sur Soloz, le village natal du grand-père d'Avédikian, déporté en 1922 lors du génocide arménien, un sujet qui demeure tabou en Turquie. Le film, projeté pour la première fois dans le pays, montre l'ignorance, les préjugés des Turcs d'aujourd'hui sur la question arménienne, mais également l'hospitalité de ce petit village de Bursa (région de Marmara), aujourd'hui peuplé de Pomaks (musulmans bulgares), eux-mêmes déportés de la ville de Drama, en Grèce, en 1923.
Le film a été très bien accueilli par le public turco-arménien d'Istanbul à l'Université de Bilgi, qui récidivait après avoir organisé l'année dernière la toute première conférence su