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Libération

RCTV: la vengeance froide de Chávez

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Pour son implication dans le coup d'Etat d'avril 2002, la chaîne populaire et d'opposition est remplacée à partir d'aujourd'hui par une «télévision sociale».
publié le 28 mai 2007 à 7h59

Caracas de notre correspondant

Après cinquante-trois ans d'existence, hier à minuit, la RCTV, la doyenne des chaînes privées du Venezuela, devait cesser d'émettre sur le réseau hertzien. Devant se contenter d'une diffusion par câble et satellite, elle sera remplacée par une télé dite «socialiste». Le président Hugo Chávez, d'un trait de plume, a décidé de ne pas renouveler la concession de la chaîne. Cette annonce, qui date du 28 décembre, avait d'abord suscité l'incrédulité. «Comme c'était le Jour des Innocents [l'équivalent du 1er avril, ndlr], on avait cru à une blague mais, très vite, nous nous sommes rendus compte que c'était malheureusement vrai», se souvient une jeune journaliste de la chaîne. Gouvernement et RCTV ont alors affûté leurs machines de propagande, le premier pour justifier une simple mesure administrative, la seconde pour dénoncer une décision éminemment politique. Car la ligne éditoriale de RCTV est très antichaviste. Personne dans le pays n'a oublié l'attitude de la chaîne durant l'éphémère coup d'Etat contre Hugo Chávez qui a eu lieu entre le 11 et le 13 avril 2002. Le 11, la chaîne avait diffusé des appels à marcher sur le palais présidentiel, une manifestation qui permettra de déclencher le putsch. Le 13, au contraire, alors que de grands rassemblements réclament le retour du président Chávez retenu prisonnier, la chaîne tait l'information et diffuse le Livre de la jungle, prétextant des risques trop élevés pour ses équipes dans l