Camp de Badaoui, Liban envoyée spéciale
Plié sur un banc d'écolier, le visage tordu par des tics nerveux, Fares répète comme un disque rayé : «Nous n'avons rien à voir avec ces terroristes. Laissez-nous vivre en paix !» A l'instar de l'immense majorité des habitants de Nahr al-Bared, le camp palestinien du Nord-Liban où sont retranchés les combattants du groupuscule radical sunnite Fatah al-Islam, le jeune homme de 25 ans, qui a subi pendant trois jours les bombardements intensifs de l'armée libanaise avant de finalement pouvoir prendre la fuite avec ses parents, est profondément choqué de s'être retrouvé pris au piège d'une «guerre des autres».
Les quelque 200 barbus, qui s'entraînaient dans une base en périphérie du camp, il ne les connaissait pas, ne les côtoyait pas. «C'étaient des étrangers, des Saoudiens, des Qataris, des Bangladais, des Yéménites. Ils sont venus s'installer ici en septembre. Nous ne voulions pas que ces "Al-Qaeda" restent chez nous mais nous ne pouvions rien faire, ils étaient trop forts.» Les Palestiniens ont bien alerté les autorités libanaises, entrepris de les surveiller, tenter de les persuader de partir, sans succès.
Et puis, dimanche 20 mai, l'armée a finalement décidé de lancer l'offensive malgré la présence de plus de 30 000 civils dans le camp. Aujourd'hui, les familles ayant trouvé refuge dans les écoles de Badaoui, à une dizaine de kilomètres de chez elles, n'ont pas de mots assez durs à l'encontre de ces fous de Dieu qui