Tokyo de notre correspondant
Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, n'en finit pas de tomber de son piédestal. Lundi, son ministre de l'Agriculture, Toshikatsu Matsuoka, a mis fin à ses jours dans son bureau parlementaire, à l'âge de 62 ans. Il s'est pendu quelques heures à peine avant de devoir répondre aux questions gênantes d'une commission parlementaire portant sur une série de scandales politico-financiers auxquels il était directement mêlé. Depuis, le Premier ministre, le gouvernement et le Parti libéral démocrate (PLD) au pouvoir nagent en plein scandale. Le choc est d'autant plus rude qu'au Japon, c'est la première fois depuis 1945 qu'un ministre en exercice se suicide.
Sans réelle influence au sein du PLD, Toshikatsu Matsuoka n'avait rendu, jusqu'à ces derniers mois, de comptes à personne. Sauf peut-être à Shinzo Abe, dont il était très proche. Ce dernier aura préféré couvrir les agissements illicites de son ministre véreux, plutôt que de l'évincer du gouvernement. Mal lui en a pris. Car l'affaire, dans un pays qui ne répugne pas à la mort volontaire pour éviter l'humiliation ou couvrir les agissements d'un supérieur, a fait un deuxième suicidé. Mardi matin, à Yokohama, Shinichi Yamazaki, 76 ans, ancien directeur d'une agence gouvernementale au centre d'un des scandales, a sauté de son balcon, après avoir été interrogé lundi soir.
«Regrets». «Il s'agit d'une affaire très triste. Je suis accablé de regrets. Je prie pour le repos de son âme», a réagi Shinzo Abe