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Libération

La révolte enfouie de Pie XI

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Le discours antifasciste que le pape voulait prononcer en février 1939, et que son successeur a fait détruire, a été exhumé des archives vaticanes.
publié le 31 mai 2007 à 8h03

Rome de notre correspondant

Le texte devait être lu en présence de Benito Mussolini, le 11 février 1939, à l'occasion du dixième anniversaire du Concordat entre l'Italie et le Vatican. Devant les évêques, le pape Pie XI avait ainsi prévu de tenir urbi et orbi un discours très dur contre le fascisme et le nazisme (lire ci-contre), s'en prenant notamment à une «presse qui agit contre nous» et qui va jusqu'à «nier obstinément toute persécution en Allemagne», mais encore en invitant les prêtres à se méfier des «délateurs». Décédé durant la nuit du 10 février, le pape Achille Ratti (élu en 1922) ne prononcera jamais ce texte de rupture avec le fascisme que l'historienne Emma Fattorini vient de mettre intégralement en lumière provoquant une sérieuse polémique dans les milieux catholiques.

En fouillant dans les archives du Vatican (ouvertes depuis septembre dernier pour la période allant jusqu'à 1939), cette universitaire reconnue, professeure à La Sapienza de Rome, a non seulement retrouvé des passages inédits (les plus critiques) de ce discours de février 1939 mais a acquis la preuve que le très controversé Eugenio Pacelli ­ alias Pie XII (1939-1958) ­ aurait fait délibérément disparaître le texte. A l'ombre de Saint-Pierre, la nouvelle fait l'effet d'une petite bombe. Secrétaire d'Etat d'Achille Ratti, Pacelli-Pie XII est depuis les années 60 critiqué pour ses «silences» durant la Seconde Guerre mondiale mais ardemment défendu par une partie de l'Eglise