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Libération

Les camps palestiniens au Liban pris entre deux feux

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publié le 5 juin 2007 à 8h15

Aïn el-Héloué envoyée spéciale Il a suffi d’une fraction de seconde. Le bruit sourd d’une grenade. Des rafales d’armes automatiques. Les habitants de Aïn el-Héloué, le plus densément peuplé des 12 camps palestiniens du Liban, à une trentaine de kilomètres au sud de Beyrouth, ont compris. Les violences se propagent. Après les combats dans le nord du Liban, où l’organisation fondamentaliste Fatah al-Islam, retranchée à Nahr al-Bared, livre une résistance acharnée à l’armée libanaise depuis dix-sept jours, le feu vient de prendre chez eux. Jound el-Cham, un groupuscule d’une cinquantaine de membres proche idéologiquement d’Al-Qaeda, a mis ses menaces à exécution. Panique. Il a attaqué hier après-midi un check-point militaire à l’entrée du camp, en signe de solidarité avec les «frères» du Nord. Dans les minuscules ruelles intérieures de la misérable enclave palestinienne, c’est la panique. Une course désordonnée et effrénée. Des femmes en pleurs tirent leurs enfants par la main vers l’abri le plus proche. Des adolescentes apeurées tentent de rentrer chez elles. Des pères de famille regroupent à la hâte leurs proches. «Il faut partir, vite», crie Mahmoud, épicier, en attrapant son téléviseur. Fuir, plutôt que se retrouver, comme à Nahr al-Bared, bloqué pendant des jours sous les bombes. Et déjà les tirs qui retentissent depuis plusieurs minutes dans les quartiers nord semblent plus proches. La tension est extrême. Des dizaines d’hommes en armes ont pris position sur toutes les