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Libération

60 milliards, ça n'engage à rien

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publié le 9 juin 2007 à 8h16

Heiligendamm envoyé spécial

Oh, la belle bleue ! Oh, le feu d'artifice de beaux chiffres. Pour n'en prendre qu'un seul, qui a déchaîné les «urgents» des agences de presse de la planète : «Le G8 promet 60 milliards de dollars à l'Afrique pour lutter contre les pandémies.» Fichtre. Vu comme ça, on a envie d'applaudir à deux mains la prouesse d'Angela Merkel. Mais en se penchant d'un peu plus près sur le package, on s'aperçoit que ce n'est évidemment pas un engagement annuel, et qu'il n'y a pas de date butoir. Ni de date tout court. «Pensent-ils qu'on ne sait pas lire ou compter ?, fustige Data, l'ONG de Bono, plutôt conciliante avec le G8. On attendait un engagement clair dans un langage clair, on a droit à un labyrinthe, mais nous ne sommes pas perdus, le G8 est perdu.»

Bac+10. C'est que, pour comprendre les finesses du G8, il faut s'armer de l'équipement de spéléo ès mots doublé d'un bac +10 en maths. Sachant qu'en 2007, les pays du G8 n'ont consacré que 7,3 milliards de dollars aux pandémies, comment peuvent-ils en promettre aujourd'hui 60 ? «En interprétant, estime Mark Fried, d'Oxfam. On pense à un deal progressif : qu'en 2008, ce sera 8,5 milliards, puis 10 en 2009 puis... Le tout sur cinq ans.» Dans lequel s'intègre le plan de George Bush, qui a déjà promis, fin mai, un doublement de l'aide américaine, avec 30 milliards de dollars sur cinq ans. Mais on est loin des 60 milliards par an que laisserait entendre le ministre allemand de la C