Chercheur au CNRS/Gremmo (Groupe de recherches et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient), spécialiste de la Palestine, Jean-François Legrain analyse la victoire du Hamas à Gaza.
Comment expliquer cette victoire ?
On doit d'abord remarquer l'absence sur le terrain d'une grande partie des cadres du Fatah, partis en Egypte, comme Mohammed Dahlan, ou en Cisjordanie. Mais aussi des problèmes de commandement et d'entraînement au sein du Fatah.
Qui a pris l'initiative de l'attaque ?Le Premier ministre Haniyeh n'a pas pris cette décision. Lui a lutté pour le maintien d'un gouvernement de coalition. Cela lui a été imposé de facto. Ce sont probablement des groupes au sein de la branche armée qui ont précipité cette offensive.
Comment est-on arrivé à cette situation de guerre civile ?
C'est la traduction hypertrophiée de tous les problèmes accumulés depuis des années, qu'Arafat, malgré son affaiblissement, arrivait à maîtriser. Tout ce qui avait permis aux Palestiniens de préserver leur société face à l'occupation israélienne et au raïs de construire son pouvoir s'est retourné après sa mort contre la société. Arafat avait la connaissance des rouages de la société. Il savait en jouer, organisant notamment la concurrence entre chefs, faisant monter l'un au détriment de l'autre, puis l'inverse.
Pourquoi Abbas n'a-t-il pas suivi cette politique ?
Parce qu'il n'a pas cette maîtrise et s'est refusé à entrer dans cette logique, peut-être a