Johannesburg de notre correspondante
«Vous voyez, je suis tellement en colère que je ne suis même pas maquillée !», s'écrie Precious, une infirmière en grève de l'hôpital de Johannesburg. Avec mon salaire, je ne m'en sors plus !» Depuis le 1er juin, quelque 700 000 agents de la fonction publique se croisent les bras. Au début de leur mouvement, ils réclamaient une hausse salariale de 12 %, alors que le gouvernement ne leur proposait que 6 % (à peine le taux d'inflation). Après dix-huit jours de grève, la plus longue grève depuis la fin de l'apartheid en 1994, les négociations n'ont toujours pas abouti et les grévistes semblent plus déterminés que jamais.
Ecart. Precious a l'impression d'avoir été trahie par le gouvernement de l'ANC : «Au Parlement, ils sont grassement payés, mais nous n'avons que des cacahouètes !» La ministre de la Fonction publique, Geraldine Fraser-Moleketi, a admis que le pouvoir d'achat des enseignants et des infirmières avait baissé depuis neuf ans. Quant aux agents encore moins bien payés, comme les policiers (qui débutent leur carrière avec 300 euros par mois), ils ont subi de plein fouet la forte hausse récente des produits alimentaires et des transports. L'écart salarial - déjà l'un des plus élevés au monde, de 1 à 20 dans la fonction publique - continue de se creuser. Une commission a récemment proposé d'augmenter de 30 à 57 % (pour le président Mbeki, qui a toutefois refusé) les traitements des hauts fonctionnair