On pensait l'ancien chef des rebelles Guillaume Soro en danger à Abidjan, la ville où il réside désormais en tant que Premier ministre d'un gouvernement de réconciliation nationale. Mais c'est dans son fief de Bouaké (centre), la «capitale» des ex-rebelles de Côte-d'Ivoire, que Soro, 35 ans, a échappé de justesse, vendredi, à la mort. Des inconnus ont visé au lance-roquettes son avion, un Fokker 100, mis à sa disposition par le président Laurent Gbagbo, alors que l'appareil venait d'atterrir. Au moins 4 personnes ont été tuées, et une dizaine d'autres blessées, dont plusieurs conseillers de Soro. Les victimes ont été prises en charge par le personnel médical de la force française Licorne.
Cet attentat a été unanimement condamné. La présidence ivoirienne l'a qualifié de «soubresaut sur le chemin irréversible de la paix». Paris, qui maintient 3 000 hommes dans son ex-colonie, a dénoncé un «lâche attentat». L'ONU, qui a déployé plusieurs milliers de Casques bleus, s'est empressée d'appeler à la poursuite du «dialogue». Car la tentative d'assassinat de Soro montre à quel point le processus de paix, initié par la signature de l'accord de Ouagadougou (Burkina Faso), début mars, est fragile.
Il repose en grande partie sur deux hommes : le président Gbagbo et son ancien adversaire, Guillaume Soro. Cet accord, en forme de pari, a été salué par la population, fatiguée par quatre longues années de crise. Mais dans le camp gouvernemental, comme dans celui des rebelle