Istanbul de notre correspondant
«Nous sommes tous témoins et nous voulons la justice», clame la banderole déployée devant le tribunal par quelque deux mille manifestants pour la plupart vêtus de noir. Certains portent des pancartes «Nous sommes tous Hrant Dink, nous sommes tous Arméniens». Le directeur d’Agos, («le sillage») principal hebdomadaire arménien de Turquie, avait été abattu par balles le 19 janvier. Sa mort avait bouleversé le pays et plus de 100 000 personnes avaient défilé pour les funérailles de cet intellectuel qui depuis des années menait bataille pour inciter ses concitoyens turcs à affronter la question du génocide arménien de 1915.
Huis clos. Le procès des assassins s’est ouvert hier devant la cour d’assises de Besiktas, sur la côte européenne du Bosphore. Ils sont dix-huit sur le banc des accusés, dont Ogün Samast, 17 ans, originaire de Trabzon (nord), chômeur proche des milieux ultranationalistes, accusé d’être l’auteur matériel du crime. Il avait reconnu les faits deux jours après son arrestation. Mais hier dès le début de l’audience, qui se déroule à huis clos en raison de son âge, il a revendiqué son «droit au silence». Il risque jusqu’à vingt-quatre ans de prison. A ses côtés Yasin Hayal, 26?ans, et Erhan Tuncel, 28 ans, les deux dirigeants du groupuscule et présumés maîtres d’œuvre du complot, encourent la prison à vie. Le premier avait été déjà été condamné pour un attentat contre un McDonald’s en 2004. Le second, considéré comme «le cerveau» de la b