La France en aura-t-elle jamais fini avec son rôle supposé ou réel avant et pendant le génocide de 1994 au Rwanda ? Hier, les avocats de 6 survivants du carnage ont indiqué avoir demandé les auditions des anciens ministres des Affaires étrangères et de la Défense, Alain Juppé et Pierre Joxe, mais aussi de l'ex-secrétaire général de l'Elysée sous François Mitterrand, Hubert Védrine.
Audition. En 2005, les plaignants rwandais ont obtenu l'ouverture d'une information judiciaire pour «complicité de génocide et de crimes contre l'humanité» visantdes soldats de l'opération militaro-humanitaire Turquoise (été 1994). Leurs avocats fondent leur demande d'audition sur des documents d'archives remis récemment à la juge Florence Michon, du tribunal aux armées de Paris. Le quotidien le Monde a révélé, hier, l'existence de ces archives émanant de la présidence de la République. Ces documents montrent que l'Elysée, malgré ses dénégations, avait été alerté très tôt du risque d'un massacre généralisé au Rwanda.
Durant les années qui ont précédé le génocide contre les tutsis et les hutus modérés - au moins 800 000 morts -, la France était très impliquée au Rwanda. A la demande du président hutu, Juvénal Habyarimana, Paris a dépêché ses soldats, dès 1990, pour tenter de repousser les rebelles tutsis du Front patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagamé. Les militaires français n'auraient pas combattu directement le FPR mais dirigé en sous-main les opérations. Dans le même temps