Au début du siècle dernier, quand la France entreprend de soumettre la Mauritanie, c'est dans la cité millénaire de Oualata qu'elle installe une des ses plus importantes garnisons militaires. Un fort majestueux est édifié sur la crête d'une colline. Mais, depuis l'été 2005, le fort - une étape obligatoire pour les touristes - est interdit aux visiteurs. Récemment réhabilité, il a trouvé une nouvelle vocation. Officiellement, l'édifice abrite le siège d'unités spéciales destinées à la traque des jihadistes de la branche maghrébine d'Al-Qaeda, qui pullulent dans ces confins perdus du Sahara. Mais, selon l'influent quotidien le Calame, il serait en réalité devenu un «black site» («site noir»), nom de code de ces fameux centres de détention secrets que la CIA utilise à l'étranger pour interroger des suspects dans la lutte antiterroriste.
«Site de choix». Cette idée n'est pas nouvelle. «Nous avions des soupçons, mais nous n'avions pas de preuves, ce qui explique que nous préférions jusqu'ici parler prudemment de certains pays d'Afrique du Nord», explique Joanne Mariner, de l'organisation américaine Human Rights Watch (HRW). Il a fallu que Seymour Hersch, journaliste vedette de l'hebdomadaire américain The New Yorker, l'évoque récemment pour que l'hypothèse prenne corps. Citant un ancien haut responsable du renseignement et un consultant du gouvernement américain, Hersch assure que, après «les révélations par le Washington Post en 2005 de l'exi