Washington
de notre correspondant
Le démon est dans le détail, surtout quand il s'agit de la guerre et de ses brutalités. Ce précepte journalistique a été appliqué par le magazine new-yorkais The Nation, qui publie cette semaine les témoignages impitoyables de 50 soldats américains postés en Irak entre 2003 et 2005.
Le magazine fait état de «modes de comportement troublants» chez les GI. «Des douzaines de soldats interrogés ont vu de leurs propres yeux des civils irakiens, y compris des enfants, se faire tuer par les forces américaines.» Nombre de ces vétérans, écrit The Nation, «racontent que dès qu'ils sortent de leur base, ils tirent à volonté. Certains ouvrent le feu sur les bidons d'essence que les marchands vendent le long de la route, et jettent des grenades pour les enflammer. D'autres tirent sur des enfants.» Beaucoup de ces soldats soutiennent que ces meurtres indiscriminés ont été perpétrés par une minorité d'entre eux, mais reconnaissent qu'ils sont «courants». Souvent aucun rapport à la hiérarchie n'est effectué, et ces actes demeurent presque toujours impunis. «Quand j'étais là-bas, raconte le soldat Jeff Englehart, l'attitude générale était qu'un Irakien tué était juste un autre Irakien tué. Vous savez, on se disait Et alors? Les soldats pensaient vraiment qu'ils avaient été envoyés pour aider la population et ils se sont sentis presque trahis. Vous voyez, on est là pour vous aider, on vient de très loin, on a