Le Darfour comme nouvelle illustration des dérives bureaucratiques des opérations multilatérales de maintien de la paix ? Depuis le déploiement d'une force, en 2004, par l'Union africaine (UA) dans cette province de l'ouest du Soudan ravagée par la guerre civile, l'Union européenne a déboursé 282 millions d'euros pour financer ces opérations. Mais certains des 7 700 soldats (nigérians, sénégalais, rwandais) n'en voient jamais la couleur.
«Nous sommes dans une situation très embarrassante, a reconnu Josep Borrell, ancien président du Parlement européen, de retour d'une mission d'eurodéputés au Darfour. Depuis des mois, les soldats n'ont pas touché leur paye. Certains n'ont même jamais rien reçu.» L'eurodéputé Thierry Cornillet, qui parle d'un retard de «quatre mois» dans les versements, évoque la «démoralisation» des militaires. Les députés demandent qu'une enquête soit menée avant de débloquer d'autres fonds. Notamment pour financer l'envoi de la «force hybride» (Union africaine-ONU), appelée à se substituer, début 2008, à une force africaine impuissante à enrayer la violence.
«Nous devons rendre des comptes au contribuable européen», dit-on à la Commission de Bruxelles, où l'on précise que deux experts ont été envoyés au siège de l'Union africaine, à Addis-Abeba (Ethiopie). Ces derniers ont déjà «audité» les comptes de 2005 concernant l'utilisation des fonds européens, avant de se plonger dans ceux de 2006. «A ce stade, ils n'ont r